dimanche 8 mai 2011

Seule au milieu de la foule

Alors qu'une occasion de sortie dans la capitale m'est proposée, je commence par la refuser en me disant qu'il est préférable de ne pas sortir pour être reposée le jour de l'opération. Mais finalement, sur un coup de tête, je me décide à accompagner mes amies à cette soirée, en pensant qu'elle serait la dernière occasion de pouvoir mettre un décolleté et que d'une façon générale, cette sortie serait la dernière faite avec mon corps entier...
 Je pars donc, la nuit tombée, en direction de Paris, décidée à passer une super soirée...
Au volant de ma voiture, je me dirige vers la ville, arrive à destination, trouve une belle place de stationnement du premier coup. C'est un signe. La soirée sera bonne.

J'arrive à l'endroit du rendez-vous convenu, je retrouve mes copines et nous rentrons dans une salle voutée, plutôt bien aménagée, bien aérée (il ferait presque froid en ce début de soirée). Nous sommes accueillies par des hôtesses qui nous font gouter une nouvelle boisson. Je goute. Ca a un peu le gout de médicament. Pas très bon quoi. J'aurai pu finir, si ce n'est que m'est revenue la consigne de l'anesthésiste: "pas d'aspirine une semaine avant l'opération". Alors, avec ce goût, et l'idée que parfois ils mettent n'importe quoi dans la composition, j'ai posé le verre sans le finir... Parano, vous avez dit, parano??

En fait, c'est une soirée dansante. Le dj mixe et enchaine du bon son. Pourtant je ne me sens pas vraiment à l'aise. Mais je décide de faire fi de ça, et de m'amuser puisque toutes les conditions sont réunies pour faire de cette soirée, une soirée réussie. Les gens sont cools et souriants et la musique de qualité. Il y a même quelques morceaux qui me ramènent à une époque révolue (période cinquième dimension), et ça me fait sourire. Je me remue. Je n'ai pas trop perdu la main. Mais il y a quelque chose qui fait que je ne parviens pas vraiment à m'amuser. J'ai perdu quelque chose: l'insouciance. Ce truc qui fait que l'on pense que rien ne peut nous arriver (en tous cas, on n' y croit pas vraiment, même si on le sait) et qu'on est là pour long time.

Deux heures plus tard... Des centaines et des centaines de gens qui sourient et dansent.  L'ambiance est là mais moi je n'y suis toujours pas... Mais ça va venir, il faut juste que je me chauffe un peu. Quelques verres devraient suffire. L'ambiance monte d'un cran. Les décibels sont à leur maximum et raisonnent dans tout le corps. Les regards fusent; les danses suggestives s'amorcent de plus belle. Les bouteilles se vident, tout le monde a chaud, tout le monde a soif. Et moi je n'ai pas chaud et je bois sans soif...Et rien n'y fait. Alors que les autres sont à présent à bon port, moi je dérive. A ce moment de la soirée, je suis obnubilée par les décolletés. Ce mélange de presque nudité, de frivolité, en faisant de leur corps un atout de séduction, m'insupporte presque. Les décolletés sont de toute sorte: osés, discrets, plongeants. Tous ces bustes tous différents mais bien symétriques, se meuvent en rythme dans la liesse et dans l'insouciance générales.
Je suis noyée dans la foule et me sens seule au milieu de tous ces gens. Le masque de la bonne humeur que j'arbore me fatigue. Je n'y arrive même plus. Je sens que mon visage est fermé. Mes amies me demandent régulièrement si ça va. Elles sentent bien que ça ne va pas autant que ça le devrait dans ce genre de soirée. Mais pour autant, je décide de rester jusqu'au bout avec elles, parce que c'est la dernière sortie qu'aura fait mon corps dans sa version intégrale.

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