jeudi 20 octobre 2011

Ma langue au chat

La dernière cure, qui date du 11 octobre maintenant, s'est bien passée. Il faut dire que sur les conseils de l'équipe, et avec mon accord, je suis sédatée. Donc sous sédatif léger.  Comme ça, je suis moins angoissée (je fais donc moins la madeleine), moins nauséeuse aussi, et je dors pour ainsi dire toute la séance. Cependant, une infirmière, dans un premier temps, et un médecin dans un deuxième sont venus "perturber" ma sieste.
Ils sont attachés et spécialisés à la gestion de la douleur dans le cadre de la maladie. La première est venue me poser tout un tas de questions, pour essayer de cibler le degré de douleur et aussi l'état psychologique dans lequel je me trouve. Je ne me souviens plus des questions qui pour certaines, étaient cocasses de mon point de vue. La seule dont je me souvienne est: "avez vous l'impression de vivre une chose horrible?". Certes j'étais plus que dans le pâté avec mon sédatif, mais je pense qu'elle a vu mes yeux s'écarquiller, la scruter sur fond d'air interrogateur. Et après un bref silence, je lui ai répondu un truc du genre: "si perdre un nibard, et avoir une "chance" (si on peut dire) de rentrer dans les 11000 décès annuels victimes du cancer du sein n'est pas une chose horrible, alors j'avoue qu'à tord, j'ai l'impression de vivre une chose terrible". Puis elle repartie avec son questionnaire rempli. Le médecin (il est marrant ce mot nan? mes deux seins. bref...) est venu me voir avec le questionnaire dûment rempli pour me proposer un traitement qui soulagerait les douleurs ressenties à la cure précédente.
En rentrant chez moi, j'ai donc débuté le traitement (en plus du reste évidement) qui est assez "imposant": un comprimé matin et soir pendant 7 jours, puis deux, matin et soir pendant 7 jours, puis trois.
La première semaine s'est plutôt bien passée au niveau des douleurs, mais je me souviens qu'elles n'étaient survenues qu' au bout de huit jours. Et au moment de passer à deux comprimés par jours, des vertiges et des nausées sont réapparus. Et alors que je faisais une de ces nombreuses siestes qui "rythment" mes journées, en ouvrant nonchalement un oeil, j'ai vu le miroir de mon armoire de chambre, inviter la fenêtre d'en face à une danse du ventre bien sentie. Et dans ce moment de liesse collective de mes meubles, les murs se sont rapidement joints à la farandole.
Et là, j'ai dis basta la fiesta. J'avais déjà donné et n'en voulais plus. J'ai donc stoppé le traitement depuis deux jours. Mais je sens bien que le trente huit tonnes m'attend au tournant... Alors quoi faire? Prendre un traitement qui d'un coté soulage, mais qui de l'autre défonce? Je donne ma langue au chat, qui gageons le, n'en voudra pas (vu l'état...).

samedi 15 octobre 2011

Avec des "Si"

Et si il y avait tes bras serrés autour de moi, tu crois que cette période de ma vie serait moins pénible à vivre?

Et si tu te collais tout contre moi dans les moments où j'ai froid? Je me nicherais au creux de ton cou et respirerais au rythme de ton pouls. Et si tu posais tes mains sur moi? Un massage en guise de message: "ça va aller, ne t'inquiète pas, je suis là".
Et dans ton regard, je retrouverais la foi, qui parfois s'égare, dans un dédale de pensées sombres. En un clin d'oeil, tu chasserais mes doutes et mes peurs. Mes démons et leurs ombres. D'un revers de manche, tu sècherais les larmes, qui parfois perlent.
On pourrait faire plus fort: tu pourrais t'allonger de tout ton poids sur mon corps, l'encenser de caresses et d'attentions jusqu'à l'aurore. Afin que je retrouve dans cette petite mort, l'énergie de combattre encore.

Et si au moins tu existais...

dimanche 2 octobre 2011

La Valse des Microbes

Ca avait plutôt bien commencé. Cette cinquième cure augurait quelque chose de moins pire que d'habitude. Et au bout d'à peine trois jours, je commençais à me frotter les mains de plaisir, en déduisant un peu trop rapidement (à cause de l'absence de symptômes et d'évènements habituellement si violents et si difficiles à vivre) que c'était gagné et que dorénavant, les cures à venir seraient plus faciles à supporter que celles subies jusqu'alors. Mais la cigale commençait tout juste à fanfaronner que rapidement elle a déchanté:

Le samedi, j'ai été prise d'un de ces nombreux coups de fatigue, assez radicaux, au point que la soirée que j'avais prévu avec une copine, fût bien difficile.

Le dimanche, des aphtes assassines ont pullulé et ont envahi ma langue et mon palet. Elles se sont radiné comme des fleurs. Comme des orties... En grand nombre. D'un coup, ma bouche devenait le théâtre d'une boucherie. Une horreur. Elles créent une douleur au point d'en déformer, de dénaturer le goût des aliments. Mon palet et ma langue se sont comme soudés, et chaque séparation l'un de l'autre provoquait une douleur très vive. Acide. Le moindre mouvement , ne serait ce, que de la salive, créait une sensation de brulure, au point de me demander à un moment donné, par quel processus naturel, la salive, habituellement s'écoulait sans même avoir à  y penser. Alors j'te raconte pas les repas... Et évidement, on était dimanche. Pharmacie de garde. La pharmacie de garde. Bien trop loin. Je ne sais pas vraiment où elle se trouve en plus. Et puis pas d'énergie. Ca attendra bien jusque demain... Mais que l'attente fût longue.

Le lundi, je suis toujours hyper fatiguée. Je prends mon téléphone et annule le déjeuner avec une amie, ainsi que mon cours de musique. Fait chier. Je rassemble mon énergie pour ramper jusqu'à la pharmacie prendre de quoi faire mes bains de bouche. Je passe une journée très mitigée en terme de moral.

Dans la nuit du lundi à mardi, je suis réveillée par un énorme mal de gorge, façon angine. Mais j'ai juste l'impression d'avoir avalé un truc. Des lames de rasoir. Des clous? Un cactus?? Du verre pilé? Je me lève difficilement pour aller chercher mon spray pour la gorge et essayer d'adoucir mon mal. Je sens que mon corps est faible. Et pour la première fois, je crois que j'ai compris quelles douleurs étaient évoquées à l'hôpital. Des douleurs osseuses. Lancinantes. Profondes. Qui irradient dans une bonne partie de mon corps. L'impression de s'être pris un trente huit tonnes.

Mes doigts aussi m'ont fait mal. Mes ongles surtout. Principalement les pouces de mains et de pieds. Un peu comme si mes doigts s'étaient mis à grandir bien plus vite que les ongles ne le pourraient. Une impression de décollement d'ongles.
Tout mon corps est détraqué. Rien ne va plus. J'aurai même une analyse de selles à faire. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, avec mes aphtes, mon mal de gorge et mon bide détraqué, j'ai fait une poussée de fièvre en plein milieu de la nuit de mardi à mercredi. 38°5.
La consigne de l'hôpital est d'appeler le médecin ou le service de l'hosto à partir de 38°3. En même temps qu'arrive la fièvre, monte l'angoisse. J'ai donc pris, en plein coeur de la nuit les antibiotiques prescrits et achetés depuis le début des soins. Suis allée à la première heure, voir mon médecin traitant qui en plus de me confirmer la bonne posologie des antibio, m'a également donné des anti-inflammatoires pour ma gorge au goût de sang.

Trois jours après tout ça, le "calme" est enfin de retour dans mon organisme. Le mal de gorge s'est dissipé au profit d'un gros rhume, qui lui même, commence à tomber sur les bronches. Les douleurs osseuses se sont retirées sur la pointe des pieds. Mes ongles, (sensiblement noircis comme lorsqu'on se pince), semblent s'être de nouveau adaptés à la taille de mes doigts.

La prochaine cure est sensée se passer dans 10 jours... Joie...

samedi 1 octobre 2011

Octobre rose




Aujourd'hui, samedi 1er octobre, marque le premier jour de la campagne de sensibilisation quant au dépistage du cancer du sein.
Un peu partout en France, les villes et les associations de lutte contre le cancer du sein se mobilisent pour organiser différents évènements, à l'image par exemple de l'association Odyssea qui organise des courses/marches dans différentes villes en France.
Le sujet du dépistage systématique fait polémique. Je ne sais pas si j'ai le recul suffisant pour pouvoir donner un avis. Je me rappelle juste de l'incompréhension ressentie, quand, lorsque j'attendais pour faire ma biopsie dans la salle d'attente de l'hôpital, j'ai vu cette affiche qui préconise de se faire dépister pour cette maladie à partir de l'âge de cinquante ans...
Les exemples de femmes atteintes qui sont loin d'avoir cet âge sont bien nombreuses....La dernière touchée d'une anomalie qui aurait pu devenir un cancer, dont j'ai lu le témoignage n'est âgée que de vint trois ans. Alors, certainement qu'il ne faut pas céder à la parano ni à la panique, mais quand même.

Mon avis est qu'il faut se toucher les gougouttes tous les jours à la douche! C'est le moins que l'on puisse faire!

Nous sommes les seules à connaitre vraiment bien notre corps, et à la moindre anomalie sérieuse, consulter le plus rapidement son gynéco. Pour mon cas, c'est mon auto palpation qui me sauve, sachant qu'en fin décembre 2010 j'avais consulté ma gynéco pour des douleurs dans le sein gauche (alors que je suis opérée à droite), qu'elle m'avait palpé les deux seins et n'avait rien senti à ce moment là. En sortant de son cabinet, je lui avais demandé une ordonnance pour une mamo, au cas où les douleurs reviendraient, pour que je puisse faire les examens sans avoir à reprendre rendez vous chez elle.
En février, lors d'une première auto palpation, j'avais trouvé une anomalie dans mon sein droit. J'ai laissé courir... En mars 2011,l'impression d'anomalie s'était renforcée et j'ai réagi en déclenchant cette sacrée série d'examens(mamo, écho et biopsie). Fin avril on me diagnostiquait la maladie. En mai j'étais opérée.

Bref cette première journée d'octobre rose pour dire que prendre soin de soi c'est aussi ce genre de gestes, à défaut de faire systématiquement un dépistage.