jeudi 7 mars 2013

Comme Le Lait sur le Feu





Depuis la fin des cures, j'ai repris un rythme un peu plus soutenu, notamment par le biais du retour au travail. Je ne peux pas encore dire que c'est la grande forme, mais au fil des jours qui s'allongent, je dirais que ça va de mieux en mieux, même si la fatigue est par moments envahissante: je ne trouve pas souvent l'énergie pour répondre aux sollicitations extérieures. Et puis l'hiver n'aide pas non plus. Mais ça aussi, ça s'arrange un peu plus chaque jours. Ainsi, la fatigue, le moral fluctuant et les restes de douleurs articulaires font que je peine à me sentir guérie, même si chaque médecin rencontré, me rappelle que la maladie est derrière moi et que maintenant tout va bien. Et en terme de médecins, j'en croise encore régulièrement:

Début décembre, j'ai fait une mamo, ainsi qu'une prise de sang. En janvier, j'avais le rendez vous annuel de la radiothérapie. Le médecin que j'avais consulté l'an dernier a cédé sa place à un nouveau, tout jeune, qui, en même temps qu'il découvrait la marque encore visible, sur ma peau, de mon passage à la radiothérapie, découvrait mon dossier (introuvable le jour où je suis venue). Début février, j'ai dû consulter ma gynéco pour voir si le traitement hormonal qui est à suivre pendant cinq ans, n'a pas d'effet sur l'utérus. Ce mois ci, c'était l'échographie pelvienne, la prise de sang ainsi que la deuxième consultation de mon oncologue. Une troisième est prévue dans trois mois. Il a abordé pour la première fois le sujet de la reconstruction mammaire (en m'indiquant le nom de deux chirurgiens; un homme et une femme). M'a expliqué qu'elle était d'avantage thérapeutique, qu'esthétique, lorsque je lui disais que mon apparence m'importait peu. Il a fait état des complications que cette asymétrie peut créer, notamment au niveau dorsal. Du coup, je n'ai pas osé lui dire qu'effectivement je souffre du dos et que le matelas tip top acheté le mois dernier, ne change rien (pour l'instant) aux nuits chaotiques que je peux passer à cause de mes vertèbres endolories..
Je lui ai alors demandé si ces reconstructions étaient des terrains propices à un retour de la maladie. Il me dit que si ça doit revenir, ça peut tout aussi bien revenir en l'état actuel des choses. Je lui explique alors que j'en ai marre de l'hôpital, que je n'ai pas envie de retourner sur le billard, et que par dessus tout, n'ai aucune envie que cette reconstruction soit une raison supplémentaire de consulter des médecins. Lui m'assure que ce n'est pas le cas. Que pour le moment, je suis suivie comme le lait sur le feu, comme le protocole le demande lors de la première année, sachant que plus le temps passe, moins il y aurait de récidives. Mais que par la suite, les contrôles s'espacent et que lors des consultations bi annuelles, c'est un ensemble qui est contrôlé (inclus la reconstruction s'il y a). Il me rappelle qu'il voit une quarantaine de patientes chaque semaine et que le pourcentage de "ratés" est minime. Je lui parle du scandale des prothèses. Là, il s'indigne presque. Il commence par me dire que la société n'existe plus, et qu'ensuite, il s'agit de l'hôpital public, et qu'il n'y a pas chez eux, cette notion d'économie que l'on peut trouver dans le privé. Ca m'a fait plaisir de le voir défendre l'hôpital public comme il l'a fait. Il m'a un peu rassurée.
Le résultat de cette consultation, c'est que j'en suis sortie en étant dans le brouillard le plus opaque qu'il soit, et je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas dire que j'assume pleinement cette asymétrie. Je surmonte le problème, mais il reste toujours très présent. L'idée de retrouver une silhouette classique me perturbe parce que oui ça fait envie.

Peut être faut il que j'attende d'en finir avec tous ces contrôles. D'un coté c'est rassurant d'être suivies comme nous le sommes, mais dans le même temps c'est  angoissant aussi.

Ce soir, ma tête bout.