samedi 12 avril 2014

Three years ago



Il y a trois ans, je foutais les pieds sur ce blog pour la première fois. Assommée. Hébétée. Le ciel et tout son barda m'étaient tombé sur la tête. 
Je peine à croire que ça fait déjà tant de temps que j'ai effectué ce voyage. Dans mon corps, j'ai l'impression que c'était l'an dernier.

La question est:"comment ça va à présent (et 3 ans après)? 
Dans l'ensemble, je vais bien. J'ai repris le travail. Un nouveau travail. Je tente de faire du sport, mais ça reste difficile dès lors que je veux y mettre un peu d'intensité. C'est dans ces moments que je me dis qu'il faut faire le deuil de la vie d'avant. Il y a vraiment un "avant" et un "après".Parfois j'ai l'impression d'avoir pris vingt ans pendant ces trois années.
Les cheveux repoussent, mais je les rase. Pourquoi? Je ne sais pas!
Coté physique, j'ai encore pas mal de douleurs articulaires. J'ai toujours une tendance à l'oeudème;  jambes et chevilles gonflent facilement. Même pas besoin de se la péter! Ca gonfle tout seul.

 Je ne parviens pas à perdre un gramme des trente kilos qui tapent l'incruste partout dans mon corps, malgré mes efforts. L'oncologue a beau m'assurer que ma prise de poids n'a rien à voir avec le traitement, je n'en crois pas un mot! J'ai donc décider de me faire aider par une diététicienne. Wait and see.


J'ai aussi eu à faire des séances de sophrologie pour tenter de faire disparaitre l'hyperacousie (sur lit d'acouphènes) qui s'était installée sournoisement et avait fini par me pourrir la vie. Après toute une série d'examens de mes oreilles et ne trouvant rien de particulier, l'O.R.L a pensé qu'elle avait pu être déclenchée par ces 18 mois de tensions. Il pensait donc que la sophro me détendrait et qu'avec cette détente, elle pourrait diminuer, voire disparaitre. Ayant particulièrement bien réussi à lâcher prise pendant les séances, j'ai réussi à imprimer une certaine forme de détente dans mon corps qui a eu pour effet de faire disparaitre l'hyperacousie. Seuls restent les acouphènes, mais ils ne me réveillent plus la nuit. J'ai donc grandement gagné en détente et en décontraction à aller faire ces séances.



Malgré toutes ces tracasseries la passion musicale demeure. Même si aujourd'hui je ne sur-investis plus l'instrument comme je le faisais pendant la durée des traitements. Je n'entretiens plus un rapport obsessionnel avec cette basse. Et aujourd'hui je la joue plus pour le plaisir qu'autre chose. J'ai même envie de reprendre la batterie par moment: mon bras droit ne me fait plus mal. Et je suis assez contente de sa mobilité et de sa souplesse au niveau de l'épaule. Je sais malgré tout qu'il me faut rester prudente à ce niveau, car même si je ne suis plus trop angoissée à l'idée du lymphoeudème, je sais qu'il peut survenir si je sollicitais trop mon bras.


Bref, trois ans. Lorsque je relis certains billets, j'ai comme l'impression que c'était hier. Je me rappelle des moments du jour ou de la nuit où je les ai écrits. Je ressens presque la tension dans mon corps.

Trois ans et des pensées pour celles et ceux qui s'en sont allés depuis, happés par la maladie.

Trois ans et une pensée furtive pour celles et ceux qui ont disparu de mon entourage durant mon voyage, trouvant probablement mes valises trop lourdes à porter.

Trois ans et une pensée chaleureuse pour toutes celles et ceux que j'ai rencontré durant cette période d'horreur ou qui m'ont soutenu d'une façon ou d'une autre. De belles rencontres à la clé.

Trois années, comme une renaissance.

Trois ans du plaisir d'écrire.

Trois ans du plaisir d'être lue. En avril 2011 j'hallucinais de voir 1000 vues. Aujourd'hui c'est plus de 17000.

Il y a trois ans, j'étais une autre.