vendredi 22 avril 2011

Pas le choix

Quinze jours, jour pour jour après l'annonce du diagnostic, le soutien est là et me tend les branches auxquelles m'accrocher pour ralentir la chute de mon moral. Je reçois du love en veux tu, en voilà. Ma famille est là, strong. Mes pôtes aussi. Que dire à part merci pour votre disponibilité, pour tout ce love envoyé. MERCI.

On me demande des nouvelles chaque jour et bien sûr, on me demande "comment ça va aujourd'hui?" ou bien alors "tu tiens le coup?". On m'a même demandé si ça n'était pas trop violent.
Mais comment dire... Comment un truc pareil pourrait être autre chose que violent? Certes, on en connait tous et toutes des femmes dans cette situation, ou bien qui sont "passées par là". Alors, peut-être que du coup, l'information étant relativement répandue, on pourrait penser que, quand ce genre de choses arrivent dans la vie de quelqu'un, ce n'est pas "trop violent". D'une façon générale, j'ai presque l'impression que l'on minimise cette maladie (ou tout du moins qu'il y a une tendance à dédramatiser. "Ca se soigne très bien de nos jours!"). Du coup, c'est comme si on minimise ma douleur... J'ai eu parfois l'impression que j'avais annoncé une appendicite! Dur dur...
Mais je le dis: cette nouvelle a été d'une violence inouïe. C'est comme si on apprenait le décès inattendu de quelqu'un de super proche. Quelqu'un de tellement proche, qu'on l'aurait dans la peau. Et puis le lendemain ou le sur lendemain du drame, on demanderait: "alors comment ça va aujourd'hui?"

Parce que l'annonce de ce cancer, je le vis comme ça: la perte d'une partie de moi (il va falloir en faire le deuil. Pas possible pour moi en 24 ou 48 heures. Combien de temps encore?? Je n'en sais rien...). Ce cancer, c'est tout d'abord, la promesse d'une hospitalisation imminente, la promesse d'une méga cicatrice pouvant aller de la clavicule jusque l'aisselle (ben oui je commence à me renseigner...), et surtout la disparition complète du sein.

C'est vivre au rythme d' une séance de chimio toute les trois semaines pendant au moins un an, avec les effets secondaires que l'on connait (plus peut-être ceux que je ne connais pas). C'est la promesse annoncée de traitements hormonaux (en plus des rayons et chimio) à prendre pendant cinq années.C'est actuellement aussi le mystère de savoir si la maladie n'est pas étendue et si, quoiqu'on en dise, quoi qu'on en pense et quoiqu'on veuille, j'y survivrai...

Alors, j'essaie de relativiser. Putain, je jure que j'essaie. Il y a des trucs tellement plus horribles dans ce bas monde,( surtout en cette période de révoltes, de guerres un peu partout sur la planète): Je ne me suis pas faite violée par une horde de mercenaires/guérillleros assoiffés de pouvoir, je ne me suis pas faite défiguré au vitriol par le cinglé du coin et je n'ai pas choppé non plus une maladie incurable. Je n'ai pas vingt ans et ça aurait pu m'arriver tellement plus tôt.

Mais malgré tout, répondre à la question "ça va?" m'arrache la gueule. Je répond oui parce que je n'ai pas beaucoup d'autres solutions si je veux essayer de maintenir le cap, et ne pas sombrer. Je réponds par l'affirmatif, parce que parfois dans cette question, j'entends "ça va aller." Je répond "oui" parce que je suis polie! Parce que tout simplement, dire le contraire serait ouvrir une brèche pour laisser s'installer la faiblesse. Et il ne faut pas qu'elle s'installe. Je n'ai pas d'autres choix..

6 commentaires:

Anonyme a dit…

ok,ça va (ici,dans le sud et dans ce contexte,ça veut dire: compris ;-p)
pour nous ,ce blog est essentiel
si ça, peut pas se dire, ça s'écrit
si ça, peut pas s'entendre,ça se lit
si ca, peut pas se comprendre ,ça s'analyse plutard
puisque çaécrit reste ,

c'est ça qu'on a besoin de savoir quand on prend de tes nouvelles :
ton ressenti ,on le partage,on le travail,on le mâche,le mastique,on le ressasse ,on voudrai qu'il te soit moins pesant
on sera là pour toutes ces étapes décrites ...

tout ce love diffuse,se multiplie encore ,t'as pas fini,tu risque même l'overdose,t prête?

on espère que tu nous sens avec toi aussi souvent qu'on pense à toi

Anonyme a dit…

Je ne te connais pas et pourtant j'ai l'impression que tu fais parti de moi ce que tu écris ou décris c'est ce que j'ai pu ressentir il y a quelques mois à l'annonce de mon cancer (estomac).

Il est clair que cette angoisse toi seule la vie de l'intérieur mais je trouve(sans vouloir te juger) que tu ne laisse pas beaucoup d'indulgence à ceux de l'extérieur, je m'explique quelles que soit la réaction des gens de ton entourage ça te souleras parce que tu as l'impression qu'ils ne savent pas ce que tu vis, ils te demandent si ça va: ça te soule, ils ne demandent pas: ils en ont rien à foutre.
Le seul conseil que je peux te donner ( si je peux me permettre de t'en donner un et sans aucune prétention) c'est de ne pas être méchante avec eux parce que même si pour le moment tu arrives plus ou moins à gérer toute seule tu vas avoir besoin d'eux le cancer est une maladie imprévisible et ton état moral et physique vont le devenir aussi, alors essaye de bien t'entourer des bonnes personnes pas des nouvelles qui ont pitié parce que cela ne resteront pas mais de des vraies que tu retrouveras tout au long de ton parcours....en attendant et pour terminer un peu plus gaiement je trouve que tu écris super bien et que ton blog est agréable à lire je viendrais régulièrement prendre de tes nouvelles, bon week end ensoleillé

Nala a dit…

Hello, merci pour ton commentaire.

J'ai crée ce blog pour exprimer mes ressentis parce que je pense que "faut que ça sorte". Ca ne se veut même pas être un témoignage de ce qu'il se passe quand "on a le cancer" (je n'avais même pas pensé une seconde que quiconque puisse se reconnaitre dans mes écrits).

Il ne faut voir AUCUNE méchanceté dans mes écrits. Je ne juge personne et à aucun moment je n'ai voulu blesser qui que ce soit. Si je l'ai fait, j'en suis désolée. vraiment. Ma famille et mes ami(E)s, "défoncent" comme on dit. Je les aime et ils le savent (enfin j'espère). Et je sais que je suis bien entourée.

Mais ce blog est l'endroit où je livre mes états d'âme. Je ne dis pas que j'ai raison et que je suis dans le vrai. J'exprime simplement ce que je ressens (pardon si parfois c'est maladroit), pour essayer en plus de leur soutien crucial, de gagner ce combat qui est le mien.
Bon week end à toi aussi. Force!

ps: Oui je vous sens avec moi vous tous: vous êtes ma force. Love

Anonyme a dit…

Quand tu dis j'essaie de "relativiser" et tu sors tous les trucs affreux qui existent et auquels tu as échappé... Non. On a tous notre croix (si pas tous, au moins beaucoup) et ton problème n'est ni "moins pire" ni pire que ceux des autres. Chacun sa croix. Et le deuil est en effet la "solution" si solution il y a.

Icaree a dit…

Je ne pense pas que l'on puisse comparer un mal à un autre. Pour moi la souffrance n'a pas d'échelle de mesure.
Ce que tu vis est tout aussi important que tout ce que tu as pu énumérer dans ton article.
Bon évidemment je ne te demanderai pas comment ça va ;).
On ne se connait pas, mais j'avais envie de commenter.

Nala a dit…

Je sais qu'il est délicat de graduer les épreuves sur l'échelle de la souffrance, si tant est qu'il y en est une. Je sais aussi que tout le monde n'a pas les mêmes ressources pour se battre et ce qui peut paraitre insurmontable pour certain(e)s, pourrait sembler acceptable et gérable pour d'autres. Mais j'ai quand même bien l'impression que la croix que chacun porte n'est pas toujours de la même taille pour tous.