vendredi 29 avril 2011

Under pressure

Depuis hier, la pression revient. Je tente de gérer au mieux mes humeurs et dans l'ensemble j'y parviens. Mais au boulot, j'aurais une tendance à monter rapidement dans les tours. Le seul moyen que j'ai trouvé est de m'isoler un peu lorsque je sens monter les angoisses. Et probablement que "l'isolement" volontaire se fera grandissant jusqu'au moment de l'opération. C'est quand je suis seule que je gère le mieux.

A partir de lundi je rentre donc dans la sphère médicale. Et d'ici peu, il y aura un "avant" et un "après". Je sais que l'opération est imminente. J'essaie de me préparer au mieux à la perte de cette partie de moi. Je crois que je suis prête (autant qu'on peut l'être). C'est l'idée de la douleur qui m'effraie, mais j'espère que l'équipe de pro qui va s'occuper de moi y est sensibilisée et qu'elle va y remédier, à la hauteur de la douleur physique et morale que ça va engendrer.
J'ai aussi décidé de prendre de l'avance sur ce que pourrait provoquer la chimio. Demain je vais me faire ratiboiser la tête. L'idée de voir tomber mes cheveux de toute leur longueur m'est insupportable. Comme ça, s'ils sont amenés à tomber (ce n'est pas le cas pour tout le monde parait il), je ne perdrai pas grand chose, vu ce que je vais laisser. Ce moment ne va pas être un moment facile à passer, mais au moins, il est fait de mon propre chef. . Ca au moins, c'est moi qui l'aurai décidé.
En attendant, il me reste au moins un petit week end sympa à passer. Mes pôtes organisent une petite fête pour moi. Du love en perspective. J'espère que je saurai me montrer digne de ça et que l'humeur (la bonne!) sera au rendez vous.

mardi 26 avril 2011

Sortie de ma bulle

Après quinze jours terrée chez  moi sans avoir vu quasi personne, j'ai dû reprendre le boulot. Je dis "j'ai dû" parce qu'il le faut...Je me dois d'aller bosser tant que je le peux. J'aurai bien le temps de m'arrêter. En plus, il me fallait prévenir mon boss. Cette terrible nouvelle à annoncer une fois de plus... La série est presque finie...Il reste encore une fois. Mais c'est probablement celle qui sera le plus difficile à dire...

Mon directeur a été remarquable: "la priorité, c'est vous. J'aurai juste besoin d'infos pour réorganiser le service". Il n'a pas fait dans le "pathos" et a gardé un coté pragmatique que tout le monde peut comprendre (moi la première). Faut bien que la boite tourne.. Peut-être que ça peut paraitre légitime, mais je ne suis pas sûre que tous les responsables d'établissement se comportent de la sorte. D'ailleurs, il n'y a pas que lui qui assure: je bosse dans une super équipe et je sais que j'ai de la chance.
Après ces quinze jours passés donc, dans ma bulle, j'étais un peu angoissée de ce retour. Mais ça s'est bien passé. Tout le monde ou presque a éludé cette fameuse question ("ça va?). Et pour autant, je sais que les gens se soucient de mon état, mais ils savent bien que la réponse s'impose d'elle même. Et je ne m'en porte pas plus mal que personne ne me demande. C'est même plutôt mieux.

Les mouflets avec lesquels on travaille, m'ont bien aidée aussi à sortir de ma bulle! Pas trop de répit avec eux. Et eux, en matière de souffrance, ils en connaissent un rayon. Des coups durs, certains en ont vécu à la pelle. Alors j'ai pas le droit de me laisser aller sous le prétexte d'un coup de scalpel.  Oui ça va être dur. Oui ma forme physique et psychologique vont s'étioler de jours en jours et je sais qu'à partir de maintenant l'objectif sera de combattre jour après jour; heure après heure, et peut-être bien, minute après minute.

Accepter de tomber. Accepter qu'on m'aide à me relever. Et désormais, m'accrocher chaque jour, à ma famille, à mes ami(E)s, à mon boulot, ou à chaque note de musique.

lundi 25 avril 2011

Mille

Mille passages sur ce blog, mille lectures - Mille promeneurs, mille flâneuses? Mille glandeurs qui feraient mieux d'aller bosser!! Ah ah ah!! Ou de Vivre à mille à l'heure - S'interroger mille fois, Trouver mille réponses -  Dans la tête, mille obstacles - Dans le coeur, mille désirs - Une vie: mille envies - Une maladie: mille angoisses.

Etre touchée dans le mille... Et remercier encore et encore pour le soutien journalier - Merci - Mille fois.
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dimanche 24 avril 2011

Citation du moment

"Quand on n'a pas ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on a"  
Serge Gainsbourg




Orage

La météo est en ce moment,  inversement proportionnelle à mon moral: Alors qu'on a eu une quinzaine de jours géniaux de soleil, de douceur, de clarté, il y a quinze jours, ma vie devenait tout le contraire: sombre, froide et âpre, comme l'hiver. Et à ce moment même, où j'entends l'orage gronder au loin, dans ma tête et dans mon coeur, c'est l'accalmie. La mobilisation qui se fait autour de moi me surprend, m'émeut (meuuuuuh!!) et me renforce. Pourtant l'heure n'est pas franchement à la joie, ni à la légèreté, mais je profite de ce moment d'apaisement en écoutant l'orage chanter.

Ô rage, ô désespoir... Non.  Rien de tout ça ce soir. Ce soir, il ne fait pas noir. Et même si la nuit est effectivement tombée, je vois au loin là-bas, un chemin éclairé. C'est avec toute cette force que je reçois, que je partirai au combat.

Ce soir, il ne fait pas froid. Parce qu'ils, parce qu'elles, sont là. Près de moi. Quid une oreille, une voix, un sourire, des bras?  C'est l'amour que m'envoient les gens, que j'ai pris comme toit.

vendredi 22 avril 2011

Nala on tour

Ca y est. Les choses s'accélèrent. J'ai comme l'impression que ça devient urgent. Cette fois-ci, deux jours après la première consultation, j'ai déjà des rendez vous (envoyés par courrier. Dorénavant ouvrir ma B.A.L sera une priorité). Enfin dans l'métier, on dit des dates. J'ai deux dates dans la même semaine. Quel succès! J'ai comme l'impression que je vais être beaucoup demandée...Overbookée on dit non?

- Lundi 02 mai: rendez vous pour un scann
- Jeudi 05 mai: rendez vous pour une I.R.M (ou le contraire, j'sais plus).

Il manque encore la date pour le voyage en Amazonie et la première partie de la tournée sera complète... Par contre, y'a un truc qui me dit que ça n'aura rien d'exotic.

Après ça, j'ai signé un contrat et dégoté une date par mois pendant un an. Quel talent...

edit: samedi 23 avril: je viens de recevoir un nouveau rendez vous. J'ai un rendez vous de consultation avec le chirurgien le mardi 03 mai.

Embarquement imminent...

Pas le choix

Quinze jours, jour pour jour après l'annonce du diagnostic, le soutien est là et me tend les branches auxquelles m'accrocher pour ralentir la chute de mon moral. Je reçois du love en veux tu, en voilà. Ma famille est là, strong. Mes pôtes aussi. Que dire à part merci pour votre disponibilité, pour tout ce love envoyé. MERCI.

On me demande des nouvelles chaque jour et bien sûr, on me demande "comment ça va aujourd'hui?" ou bien alors "tu tiens le coup?". On m'a même demandé si ça n'était pas trop violent.
Mais comment dire... Comment un truc pareil pourrait être autre chose que violent? Certes, on en connait tous et toutes des femmes dans cette situation, ou bien qui sont "passées par là". Alors, peut-être que du coup, l'information étant relativement répandue, on pourrait penser que, quand ce genre de choses arrivent dans la vie de quelqu'un, ce n'est pas "trop violent". D'une façon générale, j'ai presque l'impression que l'on minimise cette maladie (ou tout du moins qu'il y a une tendance à dédramatiser. "Ca se soigne très bien de nos jours!"). Du coup, c'est comme si on minimise ma douleur... J'ai eu parfois l'impression que j'avais annoncé une appendicite! Dur dur...
Mais je le dis: cette nouvelle a été d'une violence inouïe. C'est comme si on apprenait le décès inattendu de quelqu'un de super proche. Quelqu'un de tellement proche, qu'on l'aurait dans la peau. Et puis le lendemain ou le sur lendemain du drame, on demanderait: "alors comment ça va aujourd'hui?"

Parce que l'annonce de ce cancer, je le vis comme ça: la perte d'une partie de moi (il va falloir en faire le deuil. Pas possible pour moi en 24 ou 48 heures. Combien de temps encore?? Je n'en sais rien...). Ce cancer, c'est tout d'abord, la promesse d'une hospitalisation imminente, la promesse d'une méga cicatrice pouvant aller de la clavicule jusque l'aisselle (ben oui je commence à me renseigner...), et surtout la disparition complète du sein.

C'est vivre au rythme d' une séance de chimio toute les trois semaines pendant au moins un an, avec les effets secondaires que l'on connait (plus peut-être ceux que je ne connais pas). C'est la promesse annoncée de traitements hormonaux (en plus des rayons et chimio) à prendre pendant cinq années.C'est actuellement aussi le mystère de savoir si la maladie n'est pas étendue et si, quoiqu'on en dise, quoi qu'on en pense et quoiqu'on veuille, j'y survivrai...

Alors, j'essaie de relativiser. Putain, je jure que j'essaie. Il y a des trucs tellement plus horribles dans ce bas monde,( surtout en cette période de révoltes, de guerres un peu partout sur la planète): Je ne me suis pas faite violée par une horde de mercenaires/guérillleros assoiffés de pouvoir, je ne me suis pas faite défiguré au vitriol par le cinglé du coin et je n'ai pas choppé non plus une maladie incurable. Je n'ai pas vingt ans et ça aurait pu m'arriver tellement plus tôt.

Mais malgré tout, répondre à la question "ça va?" m'arrache la gueule. Je répond oui parce que je n'ai pas beaucoup d'autres solutions si je veux essayer de maintenir le cap, et ne pas sombrer. Je réponds par l'affirmatif, parce que parfois dans cette question, j'entends "ça va aller." Je répond "oui" parce que je suis polie! Parce que tout simplement, dire le contraire serait ouvrir une brèche pour laisser s'installer la faiblesse. Et il ne faut pas qu'elle s'installe. Je n'ai pas d'autres choix..

jeudi 21 avril 2011

Annonce particulière

"Recherche air-bag et niqab d'occasion pour relooking intégral."

Cogito ergo sum


Je pense donc je suis...
Je panse (mon mal-être) donc j'essuie (trop souvent mes larmes d'un revers de manche).
Je pense que je suis une fille bien.
Je pense que j'ai droit au bonheur.
Je pense qu'il est bien caché l'enfoiré.
Je pense et j'ai peur.
Je pense que l'angoisse et la solitude me nourrissent car en ce moment je n'ai plus d'appétit.
Je pense que l'angoisse et la solitude me reposent car en ce moment je ne dors plus.
Je pense qu'il suffirait d'un rien pour que tout change.

Je pense, donc je suis...
Je pense, donc je vis.
Alors arrête de penser et souris.

mercredi 20 avril 2011

Juste un rendez vous

07h00: le radio réveil se met en marche. Trois chansons plus tard, je n'ai pas bougé, la tête enfouie dans l'oreiller. Pas envie d'y aller à leur truc là. Et pi j'ai pas mal. Et là, exceptionnellement tu rêves d'avoir LA pensée magique chère aux enfants qui ferait que quand tu désires très fort  un truc, ben ton voeux se réalise. Et ce sein là, qui a fait son malin. Cette fameuse boule. Cette boule mythique... Ben en fait, ça ressemble en rien à la boule "rêvée", fantasmée dans les pires de nos cauchemars. Rien de moelleux, rien de sexy.  Au toucher, ça se rapprocherait bien plus d'une feuille d'arbre séchée, voire de la chips rassie.
Ce rendez-vous, ça faisait cinq jours que je l'attendais. Et maintenant, j'veux plus y aller. Allez quoi!!! C'est juste une consultation! Oui mais une consultation qui m'introduit officiellement dans le cercle des malades; consultation qui te détaille ce que tu sais déjà un peu, et que t'as pas vraiment envie d'entendre; une consultation qui te met sauvagement dans le vif du sujet...

9h00: En avance d'un quart d'heure, je prend l'option d'aller me jeter un café, dans un rade situé en face, histoire de fumer ma clope sans être complètement à jeun. Je traine pas.

9h05: Je passe la grille d'entrée de l'hôpital. J'essaie de repérer rapidos le service qui me concerne, sur un plan. Je le trouve pas. Je me dirige vers l'accueil principal. Il est fermé... Et là je me retrouve dans un dédale de couloirs. On croirait une gare, pour ne pas dire un aéroport. On n'est pas loin de l'effet "tour opérator". Je tourne en rond et ça m'énerve. Je finis par apercevoir un panneau "oncologie". Mais c'est le service de l'hôpital de jour (ben ouai parce que y'a en qui cumulent les mandats...). l'accueil me réoriente vers le bon service. J'arrive à l'accueil (encore), explique que j'ai rendez vous avec le médecin X. Et là, la femme de l'accueil me dit: - "Il se trouve dans le box 17." Et là, je lui répond: - "Oui mais je ne connais pas l'hippodrome." Après une brève hésitation, elle a finit par m'emmener au cabinet de consultation n°17.

9h20: A peine assise, le médecin vient me chercher. Dans le cabinet, il est accompagné d'un  autre gars. Sur son badge, on peut lire "interne". Définitivement il va falloir que je mette ma pudeur au placard. Le médecin en chef dirons nous, prend mon dossier et lui explique plein de trucs pendant un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. Ils sortent les radios, les commentent, discutent tranquilos (allez les gars, faites comme si j'étais pas là!!!). Je me sens comme un rat de laboratoire.

Et puis enfin, le médecin s'adresse à moi. Il me pose un tas de questions sur mes antécédents médicaux. Puis, on passe au salon (ndlr: salle d'auscultation). Palpation du médecin. Palpation de l'interne (stage pratique en situation réelle!). Je me rhabille.

Ensuite, il me demande si l'on m'a expliqué les clichés. Et comme ça n'avait pas été fait, il m'explique, me montre l'alien. Fin procédé pédagogique pour aborder enfin le vif du sujet: Il a une bonne taille. Une trop grande taille. Conséquence, ablation totale du sein et cerise sur le gâteau, opération suivie du traitement qui va bien. La totale. Je vais devoir céder le titre "miss les plus belles locks de Panam".
Tant qu'on y est, il reste encore la possibilité que la bestiole ait disséminé ses oeufs (ça tombe bien c'est Pâques) ailleurs dans mon corps. Mais il faudra attendre (ah ah ah!) la suite des examens pour le savoir. On en est pas encore là. Comme le dit l'expression: "à chaque jour suffit sa peine". Et pour aujourd'hui on est complet...
Je rends l'antenne...A vous les studios.