jeudi 9 juin 2011

Mais quelle aventure...

Lorsque le 9 avril, ma gynéco m'a annoncé le diagnostic, elle m'avait dit ceci: "vous allez être très occuppée..." Mais je n'avais pas réalisé la portée de ses mots.

Depuis l'opération, qui finalement fût une épreuve "pas si terrible" que ça, si ce n'est le problème de l'apparence et de la normalité, il y a une accumulation d'épreuves pesantes, désagréables voire douloureuses à la longue. Depuis une semaine, il s'ensuit une séries d'examens médicaux de toutes sortes pour contrôler l'état de mon corps avant les séances de chimio:

- Lundi 6 juin: radio des poumons. Pas douloureux, mais pas mal d'attente. Tu te demandes parfois à quoi servent les rendez vous... C'est aussi à cette occasion que je me rends compte que la déclaration du médecin traitant (faite fin avril) et indispensable pour ne pas avoir à avancer l'argent des frais, n'a pas été enregistrée à la sécu... Donc après cet examen, obligation de courir à la caisse d'assurance maladie pour comprendre le problème. Résultat, je suis obligée de retourner voir le médecin en question pour qu'il remplisse de nouveau le formulaire et de retourner à la sécu pour le donner de nouveau. Tout ça, avec évidement beaucoup d'attente, entre chaque étape et à chaque lieu où je me rends.

- Mardi 7 juin: prise de sang. Je commence à être rodée à ce niveau, même si la veille, j'ai dû poireauter plus deux heures, pensant devoir prendre rendez vous, pour finalement m'entendre dire que les prises de sang, "c'est sans rendez-vous" et que le jour même, en arrivant à 7h45 (pour une ouverture de labo à 7h30), j'ai été appelée à 9h00.

Mercredi 8 juin: Jour de la scintigraphie cardiaque. C'est un examen qui permet de vérifier que les produits choisis pour la chimio seront bien supportés par le coeur. Ce jour là, l'infirmier a dû s'y reprendre à trois fois pour trouver une veine qui veuille bien se laisser perforer. Je crois qu'elles commencent déjà à fatiguer...Elles "roulent". Elles fuient quoi! Après l'injection, il faut patienter une bonne demi heure pour que le produit se diffuse. L'injection à peine finie, on me conseille de boire beaucoup d'eau pour aider à éliminer le produit. On me demandera aussi de n' approcher ni les femmes enceintes, ni les jeunes enfants, du fait de la radioactivité. D'ailleurs, celui qui s'est occupé de moi s'est paré d'une sorte de blouse épaisse qui, je suppose le protège de l'exposition aux radiations. Ensuite, il m'a installée sur une sorte de table avec un couvercle, façon, table à repasser, m'a fait une deuxième injection (pffffffff....) et m'a plantée là pendant un quart d'heure, le temps nécessaire pour faire les images. 

En sortant de la scintigraphie, il me fallait aller chercher les résultats de la radio des poumons faite deux jours plus tôt, et de la prise de sang, dont les résultats sont nécessaires pour la pose du cathéter.

- Aujourd'hui, jeudi 9 juin: grand moment. C'est le jour où l'on m'a posé le cathéter. Le "kt" dans le jargon médical. Il évite les injections répétées dans les veines qui au fur et à mesure deviennent difficiles à ponctionner. Et en effet... dans mon cas.

Je suis donc convoquée à 8h00 ce matin et nous étions quatre à être bien à l'heure. Je suis la seule à n'être pas accompagnée. Mais je crois que je préfère; quand je vois l'angoisse partagée entre les personnes qui accompagnent et celles qui doivent y passer. Moi, définitivement, je ne veux pas partager ce genre de choses.

Comme je suis arrivée la première, c'est moi qui ouvrent les festivités. Tant mieux. Moins d'attente, moins d'angoisse. L'accueil du personnel est hyper chaleureux. Ca fait du bien. Je me mets donc en tenue de gala (se référer à la photo du 12 mai!), je grimpe dans mon lit à roulettes et c'est parti. Les tuyaux qui cavalent au plafond, les néons qui éclairent en pointillé, l'ascenceur qui donne mal au coeur quand tu y es allongé, et le créneau dans la salle, en rang d'oignon avec tous ceux et celles qui vont passer une belle matinée!
A coté de mon lit se trouve une jeune fille pétrie d'angoisse, dont les mains tremblent d'une force impressionnante. Des larmes coulent du coin de son oeil, qu'elle essaie d'essuyer discrètement, mais c'est pas une chose facile quand tu trembles de la sorte. J'ai envie de lui dire que ça va bien se passer et de lui sortir une connerie pour la détendre. Mais je m'abstiens. Après tout, je ne sais pas  la raison qui l'amène ici et puis je ne vais pas me mettre à faire des choses ou à dire des banalités qui, il y a peu, m'insupportaient. On l'emmène. Je ne la reverrai plus.
Puis on vient me chercher, me transfère du lit, sur la table de bloc à roulettes. Je rencontre Samia, le docteur anesthésiste qui va me poser le "kt". Elle m'installe: allongée, tête en bas, en hyper extension. Pas super confort comme position, surtout qu'il va falloir tenir la pose une bonne quarantaine de minutes. L'infirmier qui l'assiste prépare le matériel stérile. Chose que je n'avais pas vu lors de mon opération du sein vu que j'étais depuis bien longtemps dans les bras de Morfée. Elle m'administre la première anesthésie locale, dans le cou. Une piqure de plus. Ca va finir par ne plus me faire aucun effet de me faire piquer! Elle me fait une deuxième anesthésie, à l'endroit où elle va implanter ce qu'on appelle aussi la chambre.


Pour assurer le coup et bosser tranquilles, ils m'ont donné à respirer un gaz, qui m'a fait partir dans un fou-rire de ouf comme on dit. Ils ont patienté un peu, puis on finit par me dire qu'il faudrait bien que ça s'arrête parce que ça me faisait gigoter. Une fois "calmée", après un bel effort de concentration, elle a pu commencer à travailler.
On sent tout, mais je ne peux pas dire que ça fasse vraiment mal. Il y a quand même des moments forts désagréables, mais pas trop douloureux. Il faut juste réussir à faire cette distinction entre le fait de sentir passer le tuyau dans la veine du cou, et le fait d'avoir mal. Puis elle a implanté le reste de la chambre un peu plus bas, un peu au dessus du feu sein!
Tout au long de l'installation, on me demandait si ça allait et si je ne souffrais pas. On m'a même administrée une deuxième fois l'anesthésie au niveau du cou pour éviter la douleur. Après le moment de couture, heu, de suture, je me suis entendu dire: "vous avez été parfaite!" Puis elle a retiré les feuilles stériles qui couvraient mon visage et qui empêchent de voir ce qui se passe.

Après tout ça, j'ai quelques douleurs au niveau du cou, façon torticoli. Ben tu parles d'une position...Et j'ai aussi un peu de mal à déglutir (la faute au gaz hilarant à ce qu'il parait), ce qui ne m'empêche pas d'avaler un petit dèj gracieusement offert par la maison!. Mais à l'heure où j'écris ces lignes bien qu'un peu raidie au niveau du cou, j'ai envie de dire que ça va.

Ca tombe bien parce que demain, ça recommence: vendredi 10 juin: scintigraphie osseuse à 8h45. Injection (une seule! youpi yeah!) vers 9h00 et clichés aux environs de 11h30, le temps que le produit se dépose sur les os.

Quelle marade! Quelle semaine. Quelle aventure!

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