vendredi 14 décembre 2012

After

Je suis en "after". Je suis sortie du tunnel et entame la période de "l'après maladie". Mais c'est loin d'être la fête.
J'ai déjà eu à faire une mammographie, pour l'autre sein bien sûr. Je suis retournée dans la clinique qui avait décelé la maladie. En rentrant dans la pièce, et en voyant la machine, les images et les souvenirs ont surgit sans prévenir. Je me suis revue faire cet examen. Je me souviens de l'angoisse qui commençait à suinter. A l'issue de la mammographie, la manipulatrice m'avait annoncé qu'elle allait faire dans la foulée, une échographie du sein. Il était marqué sur l'ordonnance "échographie si nécessaire". Et à la vision de l'écho, la radiologue m'avait demandé de revenir le lendemain midi. "Le midi??" lui avais je dit. C'est si urgent qu'il faille le faire sur l'heure du déjeuner? Elle m'avait répondu d'une façon la plus rassurante possible: "c'est peut être rien, mais je préfère en être sûre". "Venez demain, nous ferons une biopsie". Après la biopsie, les résultats ont été envoyés à ma gynéco. Je me suis souvenue de l'attente quasi insoutenable. Elle d'habitude, si ponctuelle dans ses rendez vous, m'avait prise avec près d'une demi heure de retard. Et quand je suis rentrée dans son cabinet, je me suis dit qu'il était hors de question qu'elle m'annonce que j'ai un truc (je n'arrivais même pas à dire le mot) vu le retard. Plus j'attendais, et plus je me disais qu'il était impossible qu'elle m'annonce une catastrophe. Puis le diagnostic est tombé. Dans le cabinet, je suis restée de marbre. Saisie, gelée de l'intérieur, mais pragmatique: Où je dois aller me faire (bien) soigner et comment fait on pour être prise en charge par un hôpital? Après qu'on ait choisi ensemble l'endroit, elle m'a assuré qu'elle s'occuperait de me mettre en lien avec l'hôpital désigné.
A peine sortie du cabinet, les larmes ont commencé à couler, sans que je ne puisse rien y faire. Complètement submergée, je suis restée à pleurer, debout sur le trottoir d'en face, près d'une heure, en ce beau vendredi d'avril 2011.



Bref, j'ai donc fait cette mammo. Une fois les clichés faits, la manipulatrice m'annonce qu'elle va les montrer à la radiologue. Machinalement, je commence à me rhabiller, puis m'arrête net en me disant que par prudence, il valait mieux que j'attende que l'on me dise qu'il n'y a pas besoin d'une écho complémentaire... Je patiente alors torse nu dans cette salle parfaitement ventilée. Je me pèle le tronc. L'attente me parait longue. Très longue. Tellement longue que l'angoisse commence à monter, lorsque après une dizaine de minutes, la manipulatrice n'est toujours pas revenue. Elle finit par revenir pour me dire de ne pas m'inquiéter: l'attente est due à cause de la radiologue qui est occupée à une autre tâche, et que ça n'a rien à voir avec mes résultats. Je ne pourrais pas décrire le soulagement ressenti. Enorme. Quelques minutes après, la radiologue est venue elle même m'annoncer que les clichés étaient parfaits. En voyant mon nom sur la mammo, elle s'est souvenue de notre rencontre dix huit mois plus tôt et a tenu a venir prendre de mes nouvelles. Ce que j'ai trouvé très chic de sa part.



Je suis allée chercher les résultats de la mammographie le lendemain (une de plus à mettre dans mon dossier médical), et alors que j'attendais mon tour pour l'accueil qui remet les résultats d'examens, se trouvait devant moi, une femme qui demandait combien de temps mettaient les résultats de biopsie pour arriver et à qui ils étaient envoyés. C'est aussi les questions que j'avais posé il y a un an et demi. L'angoisse était lisible sur son visage. Cela m'a aussi renvoyée dix huit mois en arrière. Cette saloperie avait peut-être frappé une nouvelle fois.

En ce qui me concerne, je pense à présent à demander un reclassement pour faire une reconversion. Après avoir consulté et m'être un peu informée, il semblerait que je rentre dans une autre forme de combat pour obtenir mon droit à la formation. Mais comme pour la maladie, je ne lâcherai rien. Plus déterminée que jamais.

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