lundi 30 mai 2011
Allo Maman bobo
mardi 24 mai 2011
Me, myself and i
Il y a "Me": La louve, l'indépendante. Celle que beaucoup pensent connaitre. celle qui, en premier lieu, est souvent perçue comme la grande gueule, la battante, sûre d'elle, froide et prétentieuse..
Il y a "Myself": L'escargot, la tortue, qui rentre dans sa coquille à la moindre contrariété. Bordélique, susceptible, parfois maladroite avec les autres.Celle qui ne croit pas en elle, celle qui n'aime pas vraiment ce qu'elle est, et qui se demande comment elle va faire pour accepter son corps cabossé. Celle qui n'avait déjà pas confiance et qui n'osait pas grand chose ou se sabordait elle même à la moindre occasion, jusque dans ses relations amicales, sans savoir quoi faire, ni pouvoir rien faire, pour les renouer.
Et puis il y a '"I", plus chaton que tigresse, qu'un simple feuilleton télé bidon peut mettre dans tous ses états. Celle qui est persévérante, bosseuse, plutôt fiable, plus fidèle que Lassie. Peut même se montrer drôle à ses heures(si si!!). "I" sur qui je compte, pour remettre de l'ordre dans mes priorités. "I" sur qui je compte aussi pour faire reculer "Me" et "Myself" qui foutent le bordel dans ma tête et qui, jusqu'à présent prenaient trop souvent le dessus. I&I, la raison ,la cohérence qui sait parfaitement qu'un corps mutilé comme le mien, n'empêchera ni les belles rencontres (et mieux, ça aidera probablement à faire du ménage si besoin était), ni de continuer une vie quasi normale.
On dit que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort(e)s. Je crois que la vie m'a fait ce pied-de-nez pour que je me bouge. J'avais parfaitement intégré la théorie selon laquelle il faut profiter de la vie tant qu'il est temps, ou comme le dit ma Doudou: "mangeons la vie avant qu'elle ne nous mange". Je suis sur le seuil et compte bien mettre réellement en pratique toute cette théorie au combien célèbre, mais pas forcément appliquée à sa juste mesure.
dimanche 22 mai 2011
L'opération s'est bien passée je crois. Je me suis habituée à cette nouvelle cicatrice qui envahit la moitié de mon buste. Elle ne me rebute pas. Peut-être parce que j'ai toujours plus ou moins été amenée à cotoyer des gens dont le corps avait plus ou moins souffert et dont les stigmates étaient parfois, plus que visibles.
Cette cicatrice me ramène une vingtaine d'années en arrière lorsque pour ma formation professionnelle, j'avais choisi de travailler au cercle sportif de l'Institut National des Invalides à la piscine. Et déjà, je pensais que les corps et les physiques, aussi marqués soient ils, n'étaient que des contenants d'âmes, et que l'intérieur comptait au moins autant que l'aspect extérieur. Ainsi, ce qui pouvait paraitre jusqu'à repoussant chez certaines personnes, à première vue, et bien, cette même personne pouvait aussi parfois receler de belles choses, si on se donnait la peine de chercher un peu...
Cette théorie que j'appliquais aux autres, est à présent à mettre en pratique pour moi même au bout du compte...
Pour autant, je compte quand même m'équiper. Donc cette semaine, je vais déambuler dans les endroits que l'hôpital m'a indiqué pour aller me faire faire la prothèse. On ne sait jamais. Ca pourrait servir dans les grandes occasions! Et puis je dois aussi me trouver un kiné pour récupérer la mobilité de mon épaule. Il y a probablement un mammouth qui a dû s'asseoir dessus durant l'opération, c'est pas possible autrement!
Bref, une semaine à venir assez remplie. Je n'exclue pas non plus les visites impromptues à l'hôpital, pour subir, par exemple quelques séances de ponctions, afin de retirer la lymphe beaucoup trop présente à l'endroit de l'opération.
Tiens, c'est ce par quoi je vais commencer dès demain car la cicatrice est bien enflée...Et puis ça faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas faite piquée par une aiguille qui semble destinée aux poneys ou autres mammifères. Je vais finir par y prendre goût...
jeudi 19 mai 2011
Être ou Paraitre?
- prothèse
- soutien gorge adaptés, lingerie
- maillots de bain etc...
C'est lors de cet échange, que j'apprends que la prothèse est partiellement remboursée par la sécu à hauteur de presque 70,00 euros; sachant qu'elle coùte autour de 140,00 euros. J'espère que j'ai une bonne mutuelle...
En attendant la prothèse définitive que je ne pourrai pas porter avant un mois, elle m'a proposé, comme si ça allait de soi, un substitut provisoire en mousse, rembourré de coton. Ça m'a fait penser à la période de l' adolescence où certaines filles augmentaient la taille de leur poitrine en mettant le même coton qui se trouvait sur ma table, dans leur soutien gorge.
Cette dame a donc, en se référant à la taille de mon soutif, confectionné, ce qui provisoirement ferait office de sein. Elle s'est bien appliqué, pour essayer de donner une forme crédible à ces bouts de coton. Pas facile avec du coton. Bref, je mets mon soutien gorge que je n'avais pas porté depuis une semaine, elle installe "le petit bonhomme en mousse" dans le bonnet vide. Elle le manipule, le place, le déplace, le replace, pour trouver une certaine forme d'harmonie. A un moment, elle s'arrête, visiblement satisfaite de ce qu'elle voit. Elle m'interroge du regard pour voir si ça me plait.
Mais ce que je vois ne me plait pas. Cette boule de coton ne ressemble en rien à mon sein manquant. Même si ça fait illusion une fois le t-shirt remis, ce n'est pas moi que je vois dans le miroir.
Je ne comprends pas; six jours après l'opération, comme un fait évident puisque à aucun moment on me demande si je désire mettre cette prothèse provisoire, il faudrait que je rentre de nouveau dans la norme. En apparence tout du moins. C'est mieux parait il. Mais c'est mieux pour qui?
Faut il que je PARAISSE normale aux yeux des autres en ayant l'impression de mentir à tout le monde, moi y compris?
Faut il ÊTRE soi, avec ses défauts et ses imperfections?
Oui cette assymétrie est disgracieuse, et je ne l'ai pas choisie. Fait elle de moi un monstre au point qu'il faille, dans les six jours, comme si c'était une évidence, que j'y remédie avec ce truc en mousse tout aussi disgracieux?
A l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas envie de PARAITRE normale. J'ai envie d'ETRE. D'être moi avec les atouts et les imperfections qui sont les miens, sans que l'on vienne me dire ce qui est le mieux pour moi.
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mercredi 18 mai 2011
Mes geôliers
Juste aprés l'opération, ils donnaient beaucoup et étaient bien remplis. Le niveau de remplissage est monté au dessus de 100cc. Hors pour pouvoir être retirés, il faut que le chiffre ne dépasse pas 30cc.
Et pour pouvoir sortir d'ici, il faut que les deux soient en dessous ou au niveau de trente.
Ce sont donc ces deux bouts de plastique qui me retiennent prisonnière ici depuis jeudi dernier.
Lueur d'espoir: un des deux donne beaucoup moins que son alter ego et il est question qu'on m'en enlève un des deux dans la matinée.
Lueur de flippe aussi...
Love is all
Aujourd'hui, un homme en blouse blanche a frappé à ma porte en se présentant comme le facteur. Moi, en pleine sieste digestive, je ne parviens pas à faire le lien entre sa tenue de toubib et la fonction annoncée. Je veux une preuve et lui demande de me montrer son vélo à sacoches!! Il me dit qu'il a un paquet pour moi de la part de l'I.M.E, l'établissement dans lequel je bosse. Il me tend un sac vert en papier, façon emballage bio, et je découvre en même temps que lui son contenu:
- deux paires de boucles d'oreilles. Une paire traditionnelle du Népal et du Tibet, et une paire de boucles d'oreilles de mariée Berbère. (*de là à ce qu'ils m'aient promise à un berbère, y'a pas loin!!)
- deux bouquins: un qui prodigue plus de 400 conseils pour se détendre, se relaxer, et méditer.
Un autre pour rester zen. Celui là, je sais déjà à qui je vais le prêter dans l'équipe!!
- et pour finir, un cd de ballades cubaines. Sans la bouteille de rhum pour aider à se mettre dans l'ambiance...
Sur la photo, on peut apercevoir également, deux tablettes de chocolat. Tout le monde connait ses vertus. On y voit également, mes meilleurs amis vêtus tout de bleu.
Et, pour finir, un roman habillé de sa couverture grise m'a été offert par une autre pôte.
What else?
You know what? I'am happy!!
lundi 16 mai 2011
Ce soir, pas trop tard.
aux vitres et que cette personne en se présentant devant les portes à ouverture automatique, me donne le sésame pour entrer de nouveau. Résultat: coucher tardif, réveil matinal difficile. Pour autant la journée passée fût bonne.
Mais ce soir, je ne veillerai pas trop tard. Comme ça, pas d'histoire.
La lune cette nuit.
dimanche 15 mai 2011
Journée type
Bref, je disais réveil vers six heures. Puis moins d'une heure après, c'est la température que l'on est venu prendre. Puis, petit déj autour de huit heures, huit heures et demi. Souvent au cours de ce repas, l'infirmière vient prendre ma tension et mon rythme cardiaque.
Après le petit dèj, mission douche/habillage. De mieux en mieux de jours en jours. Puis Je fais une première sortie dans la cour de l'hôpital après la visite, en milieu de matinée, de l'interne qui vient vérifier l'évolution de la cicatrice et le rapport que j'entretiens à la douleur.
Après ce petit bol d'air qui fait du bien, il est souvent presque l'heure du repas de midi. Depuis le début que je suis ici, je m'efforce de TOUT avaler pour avoir de l'énergie, et pour faciliter la cicatrisation. Après c'est la pause clope, avant le roupillon qui va bien.
Tout ça peut m'emmener jusqu 'à la fin d'après midi, que je boucle avec un livre ou avec un dvd. C'est la piqure anti-phlébite qui m'indique que l'heure du diner est proche.
Aprés le repas du soir, la soirée ne se prolonge pas des masses. Un peu de lecture, de musique. Brossage de dents, prise des constantes et fermeture centralisée, dans le brouhaha environnant du service, de mon corps et de mon esprit.
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Naissance
Beaucoup plus tard dans la journé, pour ne pas dire en début de soirée est né, un petit mammifère à une bosse. Il se porte plutôt bien. A mangé son repas du soir (encore du poisson bordel de merde). La petite chamelle ne souffre pas trop. Sa douleur est bien gérée par l'équipe. Elle n'a pas en core affronté le miroir, mais compte le faire dès qu elle tiendra mieux sur ses pattes.
samedi 14 mai 2011
Sur la balançoire
Réveil pluvieux
Après ce réveil de merde, j'avoue que cet "isolement" me fait du bien. Je vais me mettre du son dans les oreilles et attendre l'arrivée du soleil (au moins dans la tête parce que niveau météo ça a l'air foutu pour aujourd'hui ).
vendredi 13 mai 2011
Holidays
Le matin, je suis réveillée aux aurores par une gentille animatrice qui prend mon pouls et ma tension. Après je me rendors pour qu'un gars vienne prendre ma température. Mais, bon, il ne faut pas se plaindre. Nous (il y a plein d'autres vacanciers) sommes logés par deux dans
des chambres claires et spacieuses. Et il y a de l'animation toute la nuit, notamment le jeu du gros bouton rouge, qui lorsque tu appuies dessus, émet un son qui ne s'arrête que lorsque l'animatrice ou l'animateur a trouvé la chambre d'où il provient. Chaque nuit ils sont plus ou moins nombreux à participer au jeu, et les G.O plus ou moins rapides pour trouver de quelle chambre le bio provient. Ainsi parfois ce bip, dont je croyais que c'était le bip d'un électrocardiogramme, retentit ainsi, une bonne partie de la nuit. Et puis il y a aussi le personnel qui travaille que de nuit, et qui comme des employés modèles s'empressent de contrôler que tout va bien au beau milieu de la nuit. Difficile de leur en vouloir, mais putain j'voudrais juste dor-mir!!!
Et quand tu y parviens enfin, il y a quelqu'un qui vient changer ton pansement ou te faire une prise de sang. Ou encore donner le traitement anti douleur...
Vraiment de belles vacances!!pas déçue du voyage.
Âmes sensibles s'abstenir
C'est vrai...ça se soigne très bien. Qu'est ce que je me sens bien!!c'est vrai que ça se soigne vraiment très bien!!
Et bien perso ça ne sera jamais la première phrase que je dirai si un jour quelqu'un m'annonce ce diagnostic...
jeudi 12 mai 2011
Prête pour les festivités
Et puis on m'a installé un patch sur main gauche, pour que la perf de l'anesthésie ne me fasse pas mal.
En tous cas, je ne sais pas pourquoi mais je suis zen, soyons zen, du sang froid dans les veines.
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mercredi 11 mai 2011
Dans ma valise
Je prépare donc pour la deuxième fois une valise et, pour le coup, il est certain que je parte. Destination Amazonie où mon passeport sera définitivement validé demain dans la journée. Pour ce petit séjour, j'ai préparé une valise. Pas de maillot de bain, pas de crème qui protège du soleil, donc pas de lunettes de soleil, parce que l'apercevrai peut-être le vendredi s'il fait encore beau.
Dans cette valise, j'y ai mis quelques fringues. Vite fait. Mais surtout j'emmène mon lecteur de dvd portable. Nina Simone,Stevie Wonder, Weather Report, Chick Coréa, Billy Cobham, et même Florence Foresti vont m'accompagner dans ce voyage. Alors, pensez bien que je ne laisserai ma place à personne! Surtout quand je vois, le stress, voire l'angoisse que cette situation peut engendrer autour de moi. Finalement je préfère de loin que ce soit moi, plutôt qu'un ou une de vous. Dans cette valise, j'emmène aussi "Mansaadi", ma petite mère à moi. Et puis c'est l'occasion de remettre mon nez dans les bouquins. Alors je vais emmener la biographie d'Ella Fitzgerald que j'avais lu, mais que ce sera peut-être sympa de relire, en attendant de me lancer lors de ma sortie de l'hôpital dans les bouquins que l'on m'a offert:" Prenez en main votre santé" et "Lutter contre le cancer".
Dans cette valise, il y a un double fond. Je vais y emmener trois, quatre rayons de soleil au cas où. Il y a même une petite place pour mon boxer de 40 kilos, qui m'a quittée en novembre dernier et pour qui je me serais bien inquiétée dans cette situation. J'y ai mis en plus tout le love, et toute la force envoyés par toutes et tous depuis le début. Et tout ça va peser bien plus lourd que le pauvre pyjama et l'unique soutif que j'y ai glissé.
Alors, je me dis que ce voyage devrait bien se passer. Que finalement, il sera court et que bientôt ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
ps: j'ai investi dans un smart phone pour rester connectée avec toutes celles et tous ceux que ma situation intéresse et comme je ne veux pas de visites pour le moment (histoire d'essayer de gérer seule mon nouveau corps sans avoir à supporter les regards surchargés d'empathie,ou peut-être teintés inconsciemment de dégoût ou je ne sais quoi), ce téléphone va me permettre de rester en contact et de donner des news. Téléphone interdit ou pas dans le service, personne ne m'empêchera de le faire.
A très vite.
Love
lundi 9 mai 2011
La maladie en quelques dates
Vendredi 08 Avril: la biopsie réalisée une semaine avant (c'te bonne blague!!) est envoyée à ma gynéco qui m'annonce le diagnostic. Vendredi 15 Avril: premier contact par courrier avec l'hôpital. Mercredi 20 Avril: 1ère rencontre avec le médecin référent. Annonce de la mastectomie et du traitement. Lundi 02 Mai: rendez vous pour un scann thorax (dont je sais toujours pas le résultat). Mardi 03 Mai: rendez vous avec le chirurgien qui m'opère. Mercredi 04 Mai: rendez vous avec l'anesthésiste. Jeudi 05 Mai: rendez vous pour une I.R.M des seins. Il m'est indiqué ce jour, que l'autre sein n'est pas atteint. Ce qui m'évite une ablation des deux seins. Joie!!! Mercredi 11 Mai: admission à l'hôpital. Jeudi 12 mai 2011: mastectomie |
dimanche 8 mai 2011
Seule au milieu de la foule
Je pars donc, la nuit tombée, en direction de Paris, décidée à passer une super soirée...
Au volant de ma voiture, je me dirige vers la ville, arrive à destination, trouve une belle place de stationnement du premier coup. C'est un signe. La soirée sera bonne.
J'arrive à l'endroit du rendez-vous convenu, je retrouve mes copines et nous rentrons dans une salle voutée, plutôt bien aménagée, bien aérée (il ferait presque froid en ce début de soirée). Nous sommes accueillies par des hôtesses qui nous font gouter une nouvelle boisson. Je goute. Ca a un peu le gout de médicament. Pas très bon quoi. J'aurai pu finir, si ce n'est que m'est revenue la consigne de l'anesthésiste: "pas d'aspirine une semaine avant l'opération". Alors, avec ce goût, et l'idée que parfois ils mettent n'importe quoi dans la composition, j'ai posé le verre sans le finir... Parano, vous avez dit, parano??
En fait, c'est une soirée dansante. Le dj mixe et enchaine du bon son. Pourtant je ne me sens pas vraiment à l'aise. Mais je décide de faire fi de ça, et de m'amuser puisque toutes les conditions sont réunies pour faire de cette soirée, une soirée réussie. Les gens sont cools et souriants et la musique de qualité. Il y a même quelques morceaux qui me ramènent à une époque révolue (période cinquième dimension), et ça me fait sourire. Je me remue. Je n'ai pas trop perdu la main. Mais il y a quelque chose qui fait que je ne parviens pas vraiment à m'amuser. J'ai perdu quelque chose: l'insouciance. Ce truc qui fait que l'on pense que rien ne peut nous arriver (en tous cas, on n' y croit pas vraiment, même si on le sait) et qu'on est là pour long time.
Deux heures plus tard... Des centaines et des centaines de gens qui sourient et dansent. L'ambiance est là mais moi je n'y suis toujours pas... Mais ça va venir, il faut juste que je me chauffe un peu. Quelques verres devraient suffire. L'ambiance monte d'un cran. Les décibels sont à leur maximum et raisonnent dans tout le corps. Les regards fusent; les danses suggestives s'amorcent de plus belle. Les bouteilles se vident, tout le monde a chaud, tout le monde a soif. Et moi je n'ai pas chaud et je bois sans soif...Et rien n'y fait. Alors que les autres sont à présent à bon port, moi je dérive. A ce moment de la soirée, je suis obnubilée par les décolletés. Ce mélange de presque nudité, de frivolité, en faisant de leur corps un atout de séduction, m'insupporte presque. Les décolletés sont de toute sorte: osés, discrets, plongeants. Tous ces bustes tous différents mais bien symétriques, se meuvent en rythme dans la liesse et dans l'insouciance générales.
Je suis noyée dans la foule et me sens seule au milieu de tous ces gens. Le masque de la bonne humeur que j'arbore me fatigue. Je n'y arrive même plus. Je sens que mon visage est fermé. Mes amies me demandent régulièrement si ça va. Elles sentent bien que ça ne va pas autant que ça le devrait dans ce genre de soirée. Mais pour autant, je décide de rester jusqu'au bout avec elles, parce que c'est la dernière sortie qu'aura fait mon corps dans sa version intégrale.
jeudi 5 mai 2011
Dernière ligne droite
Aujourd'hui, j'ai donc passé le dernier examen avant l'opération: une I.R.M (Imagerie par Résonnance Magnétique; c'est une technique d'imagerie médicale qui permet d'obtenir des vues 2D ou 3D de l'intérieur du corps).
Je me suis allongée dans une sorte de caisson (on pourrait se croire à la N.A.S.A!), ouverte aux deux extrémités. La cabine émet des sons que l'on pourrait comparer à de la musique techno! C'est assez bruyant et ça secoue même par moments. Cet examen a bien failli être annulé car j'ai eu bien du mal à retirer mon piercing. Et comme cette machine est un énorme aimant, garder le piercing signifiait juste l'arrachement de l'anneau et de ma narine par la même occasion...(comme si j'avais besoin de ça!)
Après cette séance photo (aucune dédicace ne m'a été demandée!), alors que je me rhabillais pour partir, un médecin est venu me chercher et m'a demandé de le suivre dans une autre salle d'auscultation. J'ai trouvé ça très bizarre puisque rien n'était prévu que cette I.R.M.
Le médecin me demande de m'allonger et me fait une autre échographie. Je reste un peu perplexe et m'inquiète. Puis il me demande si je n'ai fait qu'une seule biopsie. Je lui répond par l'affirmative (en me souvenant bien de cette "aiguille à poney"... Il me dit alors que peut-être va t'il falloir en refaire une. Je lui demande (résignée à la faire) si ça devra être fait avant l'opération. Et là il me demande ce qui a été décidé comme traitement pour mon sein. Je lui parle de la mastectomie. Et là il me dit que c'est bon, pas besoin de biopsie.
Pendant une seconde j'ai cru comprendre (j'ai voulu croire...) qu'il émettait la possibilité de "sauver" mon sein. Et si ça n'est pas le cas, je me demande bien pourquoi il a ouvert sa grande bouche, alors qu'il ne connaissait pas mon cas.
Il m'a toutefois informée que la maladie n'est pas étendue ailleurs dans mon corps. Mais je demanderai confirmation parce que il y a eu un truc que je n'ai pas senti chez ce médecin.
Je suis repartie avec une impression bizarre (après ce faux espoir) presque deux heures trente après être arrivée. Pour rentrer chez moi, j'ai gouté au plaisir de la promiscuité dans les transports parisiens et franciliens, aux heures de pointes. Un vrai bonheur!
A présent je suis dans la dernière ligne droite...
mercredi 4 mai 2011
La confiance désormais
Là j'ai dû le regarder d'une façon qu'il a dû voir la panique sur mon visage. Il me dit qu'il vaut mieux qu'on me demande trop souvent cette question plutôt que le contraire. Je lui réponds:
- "le droit, ne déconnez pas hein! Faut pas s'tromper!"
- "vos dents sont toutes les vôtres?"
- "Heu...oui".
- "Avez vous dans votre famille, des gens atteints de la maladie creutzfeld Jacob?"
- "heu...non".
- "Combien pesez vous?"
- "Heuuuuuuu...105 kg, j'veux être sûre que j'me réveillerai pas en plein opération!"
-" oui et bien là, vous ne vous réveillerez plus du tout" me lance t'il dans un éclat de rire.
Et il y eût tout un tas d'autres questions. Des recommandations aussi, parmi lesquelles, ne pas prendre d'aspirine une semaine avant l'intervention, c'est à dire à partir d'aujourd'hui.
Mais surtout, il m'a dit une phrase qui vraiment m'a fait du bien: ici les patients n'ont pas le droit de souffrir. L'équipe doit devancer la douleur et vous êtes en droit de râler si vous souffrez. Et cette phrase m'a fait un bien fou. Et même si je sais que je vais souffrir, il m'a assuré que ça devrait être supportable. Et j'ai envie de le croire.
Pi pour finir les réjouissances, trois paires de boucles d'oreilles m'ont été offertes, histoire d'accessoiriser mon look. Ca fait trèèèèèèèèèès plaisir et ça donne de la force. Grâce à ces gestes, je me sens pas trop mal avec mes cheveux courts. Merci à vous.
mardi 3 mai 2011
Passeport pour l'Amazonie
A l'entrée du long couloir, il y a une plaque qui indique "dépistage du cancer du sein". Je passe l'entrée, et suis tentée de regarder derrière moi pour voir si on me regarde passer la porte. Je ne me retourne pas. Arrivée à l'accueil, on m'indique où aller. Il est à peine 16h00, que déjà on vient me chercher. Un quart d'heure d'avance. L'accueil est chaleureux. Je me déshabille, je commence à connaitre la chanson... Mais la jeune femme me précise que je peux remettre ma chemise pour cet examen. Putain, c'est jamais pareil. Une fois oui, une fois non. Bref, je me rhabille et m'allonge sur une grande table, après m'être fait installé un cathétère sur mon bras gauche. Ah oui, je me disais bien aussi que le produit qu'on m'a fait acheter servirait bien à quelque chose... Ils font une série de clichés sans le produit, puis une série avec. Lors de l'injection du produit, j'ai ressenti de la chaleur au fond de ma gorge, et dans ma vessie. Ca fait bizarre. J'ai eu l'impression de me faire dessus, mais ça serait resté dedans. En tous cas, ce n'est pas douloureux. Après tout ça, rhabillage sans plus d'infos. La jeune femme m'indique que jeudi pour l'i.r.m, ça sera au même endroit.
Me voici de retour. Cette fois, j'ai rendez vous avec le chirurgien qui va m'opérer. Direction accueil principal, et me voilà dans la salle d'attente "chirurgie". Dans cette salle, il n'y avait, à priori que des gens qui doivent subir une opération. Tout le monde avait l'air bien portant. Cette fois ci, le docteur viendra me chercher en retard. J'ai eu l'agréable surprise de tomber sur un chirurgien femme(chirurgienne???). J'aime bien l'idée que ce soit une femme qui m'opère. Là aussi l'accueil est chaleureux. Elle m'ausculte rapidement et pendant l'auscultation, son téléphone sonne. Elle décroche en s'excusant et m'explique qu'elle doit aller opérer quelqu'un après cette consultation. Et là j'me dis qu'ils se tapent vraiment des journées de fou les médecins.
Bref, pendant cette consultation, elle m'explique que finalement la tumeur n'est pas si importante que ça. Que c'est surtout qu'il y a beaucoup de micro calcifications(c'est surement ça que j'ai senti et non pas la tumeur). Et que du fait de leur importante présence, c'est ça qui fait qu'ils sont obligés de faire la mastectomie pour éviter tout récidive qui serait beaucoup plus virulante et dangereuse. Elle m'explique que l'opération durera environ une heure trente, qu'il n'y aura plus de sein du tout, que la cicatrice sera horizontale.
Je lui confie mon angoisse par rapport à la gestion de la douleur. Elle me répond qu'ils connaissent bien le problème et que la douleur devrait être supportable puisqu'ils devancent le problème.
L'hospitalisation devrait durer de 4 à 6 jours. Elle me donne toute ces infos d'une façon rassurante et quand je quitte le cabinet, je me sens un peu soulagée de la tension qui montait depuis deux jours.
Comme j'ai donc, réussi tous mes examens, je suis allée m'enregistrer aux admissions. Mon passeport pour l'Amazonie est daté donc pour le 12 mai. Il y aura ma vie avant le 12, et après...J'espère quand même que la maladie ne se sera pas répandue ailleurs. Et comme j'aime beaucoup cet endroit, je reviens demain après-midi pour voir l'anesthésiste, et encore jeudi pour l'i.r.m.
Qu'est ce qu'on s'marre...
lundi 2 mai 2011
De la contradiction de la maladie
A partir de demain, je suis en résidence à l'hopital. C'est à dire que j'y suis "invitée" trois fois cette même semaine. Deux examens (scann et i.r.m) et un rendez vous avec le chirurgien qui devrait m'informer du jour de l'opération. Demain est donc le premier jour des festivités.Ces examens sont probablement les préparatifs de l'opération et de tout ce qui s'en suit, pourtant je me sens physiquement bien, si ce n'est ce fait, bien réel, que je suis atteinte d'un cancer. Et au moment où j'écris, je vais rentrer à l'hôpital sous peu, et en sortir beaucoup plus mal en point que je ne le suis (en tous cas, que je le ressens) actuellement.
D'habitude et d'une façon générale, lorsqu'on est malade, il y a un dysfonctionnement, une ou des douleurs qui empêchent de vivre normalement et confortablement. On consulte, on prend un traitement et on se porte mieux.
Pour cette maladie, et pour ma part, en l'état actuel des choses, ça va être strictement le contraire: je me sens physiquement bien; alors qu' à la sortie de l'hôpital, (plus le traitement qui m'attend), je serai (et pour un bon moment) dans un état pire qu'en y entrant. Je suis obligée de me dire qu'il faut voir à plus longue échéance pour intégrer que c'est un mal pour un bien..
Mais j'essaie de garder ma logique à moi et essaie aussi de me préparer au mieux pour être le moins destabilisée possible. J'ai donc décidé de devancer les effets connus et courants de la chimio sur la perte du système pileux. Je suis allée me faire raser la tête. Un moment difficile à passer quand on sait l'amour que j'avais pour mes cheveux. Cette séance de toilettage (sic!) ne pouvait pas se faire chez le coiffeur. Il me fallait trouver quelqu'un dont j'étais sûre qu'il ou elle allait respecter et comprendre ce moment. Ce fût au final, un très chouette moment, doux, affectueux, moelleux et sucré comme un chamallow! Un moment qui te replonge un peu dans l'enfance, à une période où ta maman s'occupe de ta coiffure, te lave les cheveux et que tu fermes très fort tes yeux, de peur que le shampoing ne te pique les yeux. Là c'était un peu pareil, sauf que j'avais pas peur que ça me pique. Juste se laisser faire. Se laisser bercer presque, par ses mains qui massent mon crane sensible, mis presque à nu. (merci pour ce moment)
Aujourd'hui, 1er mai, jour du muguet, jour où l'on se souhaite tout le bonheur du monde..Je suis malade, mais ne le ressens pas...Je suis heureuse, mais je ne le sais pas.