Il y a un an, tu es venu poser ta grosse truffe dans mes mains. La tumeur était trop importante et toi trop "vieux" pour supporter une quelconque intervention. Partenaire d'une vie. Compagnon de plus d'une décennie, j'ai décidé que la belle route que nous avions fait ensemble devait s'arrêter. J'avais aussi décidé de ne pas te remplacer. Mais voilà... J'ai fauté. Ma tumeur est apparue aussi brutalement que la tienne. Et quelques mois après ton départ précipité, j'accueillais malgré moi, mon
N(ouvel)
A(nimal) de
C(ompagnie).
Mais lui, c'est tout le contraire de toi. Alors que j'aurais tout fait pour te garder encore un peu, l'autre je fais tout pour le virer. Toi, tu étais l'élément social. Celui grâce à qui j'échangeais avec des inconnus dans la rue, moi la sauvage. Lui me pousse vers l'isolement. Heureusement que je suis bien entourée. Toi, c'était la légèreté, les clowneries, la chaleur. Lui, c'est l'angoisse, la douleur, la nuit, la froidure. A son contact, je m'enlaidis.
Oui, tu es parti. Et ce soir, ta folie, ta joie de vivre auraient certainement eu raison de mes douleurs, de mes angoisses et de tout ce qui me blesse.
Ce soir, j'ai pris comme pansement, ton collier et ta laisse.
20 Mars 2000
09 Novembre 2010